L'Europe veut planter 3 milliards d'arbres
3 milliards d'arbres pourraient couvrir une surface de 2 millions d'hectares et pourraient absorber en théorie jusqu'à 4 millions de tonnes de CO2 en 2030 et jusqu'à 15 millions de tonnes d'ici à 2050.
L'objectif est d'atteindre rapidement la neutralité carbone.
La stratégie de l'UE pour les forêts pour 2030 est l'un des éléments phares du pacte vert pour l'Europe.
La France décline le plan sur 1 milliard d'arbres
Emmanuel Macron s’est engagé à replanter « 1 milliard d’arbres » pour faire face au réchauffement climatique.
L’objectif est de combiner "la nécessité de produire davantage de bois" avec celle "d’augmenter le puits de carbone forestier français".
Deux objectifs louables mais difficilement conciliables :
L'exploitation forestière est aujourd'hui surtout orientée vers la monoculture qui permet une utilisation de machines adaptées et un coût d'exploitation supportable ;
Les puits de carbone sont des forêts mélangées, des tourbières, des zones humides.
75 % des arbres replantés devraient provenir de coupes rases
Selon les projections du CSFB, "sur le milliard d’arbres voulu par Macron, seuls 7 % viendront s’ajouter aux forêts existantes, principalement sur des terres agricoles abandonnées.
Pour le reste, il s’agit de remplacer. Littéralement. Plus du trois quarts des plantations auront lieu en plein, c’est-à-dire après coupe rase".
Cinq essences principales représentent 71 % de la forêt plantée
Parmi les essences les plus plantées, le pin maritime présente la surface la plus élevée en essence principale plantée (environ 150 000 hectares), suivi du Douglas (environ 50 000 hectares) et des autres conifères (environ 35 000 hectares).
Les feuillus forment environ 55 000 hectares de plantation non recensable. Les chênes pédonculés et rouvres représentent plus d'un tiers de ces plantations. Source : inventaire IGN 2017.
La filière bois reste fragile et relativement peu performante en France
La balance commerciale du bois est déficitaire : en 2022, le déficit du commerce extérieur de la filière française de bois et dérivés s’établit à 9,5 milliards d’euros.
La France exporte la matière première et importe des produits à forte valeur ajoutée issus de la transformation de cette matière première.
Les scieries françaises sont en souffrance à cause du dumping chinois et des coûts de l'énergie ;
Le circuit court dans le bois est quasiment impossible à mettre en place, faute de bûcherons ;
L'exploitation industrielle des feuillus n'est que de 15 % alors qu'il dépasse 80 % pour les résineux ;
La filière forêt-bois rend des services environnementaux et climatiques essentiels mais encore peu valorisés, sauf par le mécanisme de la compensation carbone, qui répond partiellement aux enjeux de reforestation et d'absorption du carbone.
Planter pour aider la planète ?
Oui, vraisemblablement. Il semble que la quantité soit l'objectif poursuivi. La plupart des startups qui proposent aux entreprises de compenser leurs émissions de carbone visent la quantité d'arbres plantés. Mais le seul objectif de quantité ne suffit pas.
Un projet de reforestation c'est un projet moyen terme et cela ne peut pas être une solution à des problèmes complexes et une compensation facile des émissions de CO2.
Quels arbres ? Quel suivi ? Quel investissement ? Quel stockage de carbone ?
La mesure du stock de carbone pour le suivi des projets de compensation
La mesure du stock de carbone passe par la mesure de la biomasse forestière. C'est une mesure relativement complexe à effectuer : "L'efficacité du stockage de carbone dépend donc de nombreux facteurs, tels que la position sur le globe, l'aridité de la région, le cycle de l'eau, la socio-économie de la région et même le type d'arbre planté.
Nous nous consacrons dans la suite à deux facteurs majeurs : les essences des arbres et les milieux climatiques" (source : les controverses de Mines Paris 2022).
Mesurer l’invisible : la dure tâche de calculer le stock et le flux de carbone d'une forêt.
À l'ancienne en mesurant le diamètre des arbres ou avec le satellite biomass ?
Il existe plusieurs méthodes et le calcul dépend du type d'arbre et de sa localisation sur la terre.
Donc, aujourd'hui, quand on compense des émissions de carbone en plantant des arbres, on est dans une mesure théorique de captation carbone de l'arbre, puisqu'on ne sait pas s'il va bien grandir et qu'on explique pas non plus comment les calculs de compensation ont été effectués.
Finalement, la plupart des projets proposés par une multitude de start-ups spécialistes du reboisement s'apparenteraient à du treewashing. Cela fonctionne très bien. Les résultats financiers et les levées de fonds sont prometteuses.
Sauver des forêts existantes : une mesure de bon sens
Vous pouvez planter des arbustes dans votre jardin avec des pépiniéristes locaux. Vous pouvez aussi aider des associations à planter des arbres si le coeur vous en dit. Vous pouvez parrainer des arbres chez Capaluna ou chez vos amis.
Mais s'il vous plaît, ne participez au treewashing à la mode. Vous n'aiderez ni la forêt ni les sylviculteurs.
Je vous propose :
Une startup qui propose de sauver les forêts existantes : La Belle forêt, start-up dont l’objectif est la vente de crédits carbone aux entreprises, leur but est de ne pas planter de nouvelles forêts mais plutôt d’entretenir celles déjà existantes. Reste à comprendre comment sont évalués les crédits carbone.
Un fonds de dotation pour des projets de sylviculture : Plantons pour l'avenir. Dans ce cas, vos arbres seront exploités quand ils auront atteint leur maturité.
De venir planter avec moi si vous voulez. Je plante des arbres et des haies à l'automne au milieu de forêts existantes et labellisées.
Si ces thématiques vous intéressent, n'hésitez pas à vous inscrire à notre blog.
Nous vous proposons également des études sur le climat et sur les enjeux stratégiques qu'il implique pour la sylviculture.
Brion Béatrice, le 25/02/2024.
